Librairie Pierre Saunier

Prison Fin de siècle. Souvenirs de PélagiePrison Fin de siècle. Souvenirs de Pélagie Prison Fin de siècle. Souvenirs de PélagiePrison Fin de siècle. Souvenirs de Pélagie Prison Fin de siècle. Souvenirs de PélagiePrison Fin de siècle. Souvenirs de Pélagie Prison Fin de siècle. Souvenirs de PélagiePrison Fin de siècle. Souvenirs de Pélagie Prison Fin de siècle. Souvenirs de PélagiePrison Fin de siècle. Souvenirs de Pélagie

Gegout (Ernest), Malato (Charles).
Prison Fin de siècle. Souvenirs de Pélagie. Illustrations de Steinlen.

Paris, Charpentier & Fasquelle, 1891 ; in-12, demi-basane prune, dos à nerfs orné, tranches jaspées, couverture conservée (reliure d'époque). 4 ff. (dont préface) & 352 pp.

1 500 €

Édition originale.

Envoi a. s. : A Jeane (sic) Avril, ma plus gracieuse et folichonne enfant, avec des tas d’affection tendre, Ernest Gegout (avec un petit dessin)

Avec La Goulue, Jane Avril fut une des plus célèbres danseuses de la belle époque, La Rémoulade, le Passage du gué, le Coup du lapin, Présentez … armes ! le Pont de la mort, autant de figures audacieuses qu’elle chahutait en tête des quadrilles endiablés du Moulin Rouge, de Bullier, du Tabarin, des Folies-Bergères, du Palais de Glace, du Divan Japonais ou du Jardin de Paris des Champs Élysées – inégalable, on la disait la plus sensible et la plus libre de toutes : Jane Avril ne gambillait pas, elle dansait. Alfred Jarry, un temps secrétaire-régisseur du Théâtre de L’Œuvre, l’a fit enrôler par Lugné Poe pour chorégraphier sur la partition de Grieg la scène d’Anitra du Peer Gynt d’Ibsen, pièce hautement symboliste que Lugné Poe monta en 1896 – dès la première, elle subjugua la salle, obtint à elle seule trois rappels et l’unanimité de la presse à l’instar de Francisque Sarcey qui lui tourna ce profond madrigal : Mademoiselle, vous êtes la seule que j’aie comprise dans la pièce …

Plus que ses copines, Jane fut l’amie des peintres, des écrivains et des poètes, intime de Toulouse-Lautrec qui réalisa pour elle de nombreuses affiches ou d’Alphonse Allais avec lequel elle se colla deux années – il n’eut de cesse de l’épouser, comme tant d’autres avant lui, les Wyzewa, Barrès, Dujardin ou d’obscurs et riches protecteurs comme Plon Plon, un des bâtards du Prince Napoléon, qui se ruina et manqua de se tuer pour elle, sauvé in-extremis par la Princesse Mathilde… Ainsi encore notre Ernest Gegout, un beau-ténébreux à en juger sa binette photographique – le dernier révolutionnaire romantique comme le mentionne sa nécrologie en 36 – mais surtout, comme Valentin le Désossé, un excellent valseur et une belle passade de Jane Avril au Bal Bullier – la danse avant tout, toujours.

En 1888, Gegout lançait L’Attaque, organe hebdomadaire anarchiste, et publiait Sébastien Faure, Lucien Weill (le propagandiste du Père Peinard) ou Charles Malato. A la suite d’un article de ce dernier incitant les manifestants du 1er mai au meurtre et au pillage selon les instances judiciaires, Gegout et Malato furent condamnés à 15 mois d’emprisonnement et 3000 francs d’amende – l’occasion pour eux de composer Prison fin de Siècle qui relate avec beaucoup d’humour leur séjour à Sainte-Pélagie.